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Les studios Walt Disney ont 100 ans : la formidable épopée d’un empire, de Mickey aux chevaliers Jedi

Né le 16 octobre 1923 de l'association de Walt Disney et de son frère Roy, le Disney Brothers Studios allait engendrer un des plus grands empires industriels et économiques américains à Hollywood.

Cent ans d’histoire, cent ans de cinéma. La Walt Disney Company, une « major » majeur située à Burbank dans le comté de Californie, née en le 16 octobre 1923, a connu des rebondissements mouvementés, et continue d’écrire une page d’histoire des Etats-Unis. Disney pourrait être comparé à un Edison du XXe siècle dans son domaine, comme inventeur d’un cinéma, d’une esthétique, d’une industrie, et pourquoi pas, d’une idéologie ? Des débuts dans un garage dans le Kansas, à Burbank, « la capitale des médias », en passant par Hollywood, voici en dix focus, l’histoire d’un des plus grands studios de cinéma du monde.

The Industry

Après un premier studio créé à Kansas City en 1922, le Laugh-O-Gram Studio, Walt Disney s’est associé à son frère Roy pour fonder le 16 octobre 1923 le Disney Brothers Studios. Ce qui n’est encore qu’une petite structure inaugurée dans un garage, deviendra The Walt Disney Company, un des plus importants studios d’Hollywood. Aux Etats-Unis, le monde du cinéma s’appelle « The Industry », car elle est la première en matière d’exportation, devant l’aviation et l’automobile. C’est tout dire. Rares sont ceux qui, comme Disney, sont parvenus à une réussite industrielle avec autant d’art.

Ub Iwerks

Le premier studio d’animation fondé par Walt Disney est intimement lié à l’animateur Ub Iwerks, qui restera à ses côtés, malgré quelques brouilles, jusqu’à la mort du père de Mickey en 1966. Leurs premières productions devaient rivaliser avec Félix le Chat, star du cartoon, né en 1919 du génie d’Otto Messmer et Pat Sullivan, quatre ans avant le Laugh-O-Gram Studio. L’anthropomorphisme plaît et Disney, plus tard, le sublimera avec Mickey. Mais pour l’heure, le producteur-réalisateur en herbe adapte des contes et des histoires enfantines avec des personnages humains dessinés.

Disney avant Disney

Le Laugh-O-Gram Studio périclite vite, et Disney claque la porte de Kansas City pour s’installer à Hollywood, créant avec son frère le 16 octobre 1923 les Disney Brothers Studios. Si la graine n’a pas bien germé au Kansas, elle va prendre à Hollywood. Disney va inventer ses propres contes, rencontrant le succès avec ses Alice’s Comedy (1924), où une fillette intrépide interprétée par une jeune actrice (Dawn Evelyn Paris) est projetée dans un univers de cartoon peuplé d’animaux anthropomorphiques. En 1926, la compagnie est rebaptisée Walt Disney Studio, et Oswald le lapin chanceux, inventé par Ub Iwerks en 1927, prend le relais d’Alice. L’insertion d’une actrice réelle dans un univers graphique animé est abandonnée, mais Disney y reviendra bien plus dans d’autres productions et surtout avec un de ses chefs-d’œuvre Mary Poppins (1965).

Mickey Mouse

En 1927, une révolution va transformer le studio : le premier film « parlant » sort en salle : Le Chanteur de jazz. Disney embrasse cette chance à bras-le-corps et va créer son premier triomphe en 1928 avec Steamboat Willie, une parodie de Steamboat Bill Jr. de Buster Keaton que remplace Mickey dans un quatrième film où il apparaît. La légende veut que c’est l’épouse de Walt, Lillian, qui a soufflé le nom de la souris aux grandes oreilles à son mari lors d’un voyage en train, alors qu’il se creusait la tête (il pensait à Mortimer) pour trouver un nom à sa nouvelle vedette, bientôt star. En 1929, la société change de nom à nouveau pour devenir Walt Disney Productions, située à Hyperion Avenue, lieu qui prend le nom de Walt Disney Studios

Silly Symphonies

Steamboat Willie est le prototype de ce qui allait devenir les Silly Symphonies, des courts métrages musicaux à l’univers graphique débridé, dont on peut citer parmi les plus célèbres fleurons Les Trois petits cochons ou La Fanfare sur les centaines de films produits. L’apparition de la couleur en 1932 va booster le processus et le rendre encore plus merveilleux, le studio s’avérant grand coloriste. Disney, toujours à l’origine de ses sujets mais piètre dessinateur de son propre aveu, revient aux sources de ses débuts : les contes populaires européens et américains. En même temps naît toute une ménagerie de héros loufoques : Donald, Dingo, Clarabelle, Pluto… Les cartoons fleurissent à l’écran, les studios Universal et Warner ont les leurs, comme il va de soi depuis les années 20. Mais Disney voit plus grand, voit plus long et à plus long terme. On dit que Walt Disney est devenu fou.

Blanche-Neige

Si Blanche-Neige et les sept nains (1937) n’est pas le premier long métrage d’animation, il marque une date dans le 7e art. Sa durée exceptionnelle pour l’époque de 83 minutes, sa perfection graphique animée, dans le style « bouclé », ses merveilleuses couleurs et ses chansons mythiques, en font un chef-d’œuvre du genre et le prototype du film classique d’animation. L’œuvre est saluée par toute la profession, l’Académie des Oscars lui remettant en 1939 un Oscar d’honneur sous la forme de la statuette de George Stanley accompagnée de sept autres plus petites, figurant les sept nains. La Mostra de Venise l’avait devancé en 1938 en lui décernant son Grand trophée d’art de la Biennale. Le film ne sera visible en France qu’en 1946, en raison de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939.

Le creux de la vague : Pinocchio, Dumbo et enfin Bambi

Le succès de Blanche Neige confirme Disney à devenir le plus grand studio d’animation du monde. Mais ses longs métrages suivants sont des échecs. Après les 184,9 millions de recettes aux Etats-Unis de Blanche-Neige, Pinocchio ne fait que 84,3 millions, Fantasia 76,4 et Dumbo encore moins. Bambi relève la tête en 1942 avec 102,2 millions de recettes. C’est sans doute une des raisons qui poussent Walt Disney à déménager la même année à Burbank, dans le comté de Los Angeles, où le siège et les studios Disney sont toujours implantés, au cœur de ce qu’il est convenu d’appeler « la capitale des médias ».

Cendrillon, Alice, Peter Pan et la télévision

Persévérant et convaincu, Walt Disney enchaîne les productions, mais s’implique de moins dans le processus créatif après Bambi. L’esthétique change. Fini le « style bouclé » et les décors fouillés de détails. La ligne devient plus libre et épurée, et le style graphique plus géométrique dans La Belle au Bois Dormant (1959). Cette voie ne plaît guère à Walt, mais il acquiesce aux décisions prises par son staff artistique. Disney se lance aussi dans des films en prise de vues réelles, documentaires et fictions, à partir de 1941. La société crée en 1953 son propre réseau de distribution sous le nom de Buena Vista Pictures Distribution pour ne plus dépendre d’autres groupes cinématographiques. Le succès est au rendez-vous et « le Disney pour les fêtes » devient une institution. Parallèlement à ces grosses productions et à la continuité de la réalisation de courts-métrages, Walt Disney va se lancer dans la production télévisuelle. Après des émissions spéciales Noël, plusieurs séries, dont Davy Crockett (1954) et Zorro (1957), Disney à sa propre émission en 1961, Walt Disney’s Wonderful World of Color sur NBC qui deviendra en France Le Monde merveilleux de la couleur de 1967 à 72. Résultat : les ventes des postes de télévision explosent aux Etats-Unis. Mais Walt a déjà une autre idée en tête, celle d’un parc d’attractions mirifique, à l’image de son univers. Le premier Disneyland ouvre le 17 juillet 1955 à Anaheim en Californie. Mais c’est une autre histoire.

La crise des années 80

Les studios semblent ne pas parvenir à se renouveler après Bernard et Bianca de 1978, au succès déjà mitigé. Peter et Elliot et le Dragon charme peu, et le fond est atteint avec Rox et Rouky suivi d’un Taram et le chaudron magique catastrophique. Le Trou noir, film avec acteurs réalisé dans la foulée de La Guerre des étoiles, est un gouffre financier et un échec public et critique cuisant. Tron (1982), premier long métrage avec des images de synthèse créées par ordinateur) enfonce le clou. Le studio sort la tête de l’eau en 1989 avec La Petite sirène (1989) et renoue avec le succès en 1991 avec La Belle et la Bête, puis Aladin (1992). 1993 voit une première association avec Tim Burton (qui a commencé sa carrière chez Disney) avec le magnifique Etrange Noël de Monsieur Jack. Les années noires sont derrière le studio, et une nouvelle ère s’annonce avec la révolution Pixar.

Pixar et au-delà de l’infini

Né en 1974, Pixar Animation Studios, a d’abord travaillé sur Star Wars avec Georges Lucas, puis est devenu la référence incontournable en matière d’animation en images de synthèse avec Toy Stories en 1995, premier film du genre. De nombreuses collaborations naîtront de cette association, jusqu’à ce que Disney avale Pixar en 2006 pour 7,4 milliards de dollars. Par ailleurs, Disney étend son empire en rachetant en 2009 les studios Marvel, à la tête des célèbres blockbusters de superhéros, pour quatre milliards de dollars. Le savoir-faire de Disney en matière de produits dérivés est également d’un énorme apport. Enfin, « the last but not the least« , fin 2012, Disney rachète Lucasfilm, à la tête des franchises Star Wars et Indiana Jones, pour 4,05 milliards de dollars. Dans ce contexte expansionniste, la Walt Disney Company change de nom en 2007 pour The Walt Disney Studios qui rassemble toutes les franchises du groupe précédemment Buena Vista Entertainment, puis Walt Disney Entertainment. Répartis dans une galaxie de filiales, à la tête de sa plateforme de vidéo à la demande Disney+ depuis 2019, plus grand studio d’animation, et à la tête des deux franchises cinéma les plus populaires, Star Wars et Indiana Jones, proliférants et mangeurs d’univers, The Walt Disney Studios ont de beaux jours devant eux.

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